• au temps lointain où les inrocks étaient mensuels et où myspace était juste un rêve dans nos petites têtes de fans indie (je ne peux même pas imaginer ce qu'aurait été ma vie si internet avait existé quand j'avais 18 ans), le maximum de la fierté était atteint les jours où tu pouvais ricaner:

    "eh! mais je connais déjà ce groupe! niche, jd beauvallet !"

    car il fallait se lever tôt et remuer du réseau, pour choper le buzz avant le buzz. pour faire la nique à jidé. mais des fois ça arrivait et alors dans la petite bande qui comptait toujours au moins un rouquin, un puceau inavoué, un faux punk et une fille facile, c'était glory day. respect. on te payait des twists (pas la danse, la bière).

    c'était l'époque où si plus de trente personnes aimaient un groupe, alors tu ne l'aimais plus, ce groupe populaire (un mot rimant alors avec "plutôt brûler en enfer", c'est à dire au rayon disques de leclerc). le snobisme, tu vois. et c'est tout un travail d'être musicalement snob lorsque tu vis dans les 90's dans une ville bretonne de province de 10 000 habitants avec un seul disquaire, et harmonia mundi en plus, le disquaire. je compatis à mort avec les gens ayant survécu aux 90's à chateauroux, langogne ou menton. nous au moins on avait les trans. à nevers, le rock progressif (pitié). d'un autre côté, quelques-uns des meilleurs groupes du monde viennent d'endroits totalement déprimants comme ma petite ville bretonne très grise avec ses rivières et ses vieux en k-way. l'ennui, les heures passées dans ta chambre avec un méchant lecteur de CD made in india, ta mère qui crie "on mange" car il est 19h30, vidéo gag à la télé et tes frères devant, mais aussi les petits rades, la certitude que le prince charmant conduit un J15 de tournée et les bières glacées (un avantage du climat pourri de chez moi: aucune chance de s'étrangler avec une bière tiède), c'est sans doute ce qui peut arriver de mieux à ton sens créatif. que tu grandisses dans le nord dégueulasse de l'angleterre, dans un bled de redneck ricains ou au bout du bout du finistère. du vide toujours quelque chose finit par naître.

    ou alors bien sûr tu peux grandir à brooklyn, big apple.

    le quartier où, genre, tous tes voisins sont plus ou moins musiciens ou alors peintres ou alors écrivains immenses ou alors musiciens. le quartier où je ne sais pas ce que c'est, un beauf, du coup: un journaliste?

    ah ah ah.

    pardon.

    ma théorie sur la création dopée par l'environnement hostile se prend une grande claque en travers de la trogne avec brooklyn. sur www.inrocks.com ils ont compilé dix groupes (ils auraient pu aussi bien en refiler 40, vu l'explosion de talents du lieu) à suivre. je connaissais pas matt & kim (au passage, quelle bombasse ce matt ! et au passage bis, c'est quand la dernière fois que j'ai vu un aussi charming petit couple drôle dans le rock? ils s'aiment et ils se PWALENT, whaaa, mais dans mes bras, quoi!) mais pour le reste je suis aussi conne qu'en 1995: vous avoir balancé leurs noms sur piap' TELLEMENT avant jidé et son crew, mhh, j'adore :-). même s'ils avaient déjà des milliers d'amis sur myspace. en même temps tu me diras, martine, car tu es une garce, mais une garce lucide, les inrocks en 2009, c'est plus le vivier pointu d'autrefois. eh non, et en plus y a plus de saison et comme dit steph guillon, les prince de lu ont carrément maigri. nous voilà propres.

    d'un autre côté aujourd'hui je vis dans une ville immense MAIS avec peut-être pas UNE excitation musicale possible par trimestre (les bonnes années). et encore. de plus je suis désormais sur la pente descendante (les quadragénaires m'attendent dans leur bande et je n'arrive pas à croire à leurs "attends, c'est super bath comme on s'éclate avec nos quatre décennies, trop coolos" (les quadra disent coolos). de plus je suis munie d'un enfant qui préfère nettement les comptines africaines. de plus je n'ai plus un seul ami roux, maintenant que j'y pense.

    donc respect, ava, quoi !

    tout ça pour dire qu'on a ses petites joies et que le dimanche, quand on avait cru que c'était le printemps alors qu'en fait on dirait fin octobre, on ne va pas cracher dessus.

     

     

     


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