ces jours-ci je me sens comme un éleveur argentin au milieu d'un congrès de végétaliens. entre mon corps et moi, il y a comme une sorte de trève, une sorte de constat (eh bé va falloir faire avec) plutôt que de lutte vaine (mais pourquoi je suis pas gaulée comme gisele??) et du coup de presque joie (puisque je serai jamais gisele, pourquoi se faire suer avec des pompes et des recettes à 3 calories?). je fais un 36, je vais pas m'affamer et me priver d'apéros pour un 34 (de toute façon le 34 chez zara y en a jamais, donc where is l'intérêt?). donc je vis mes petits bourrelets avec sérénité (d'autant plus que je bosse dans un univers où gisele ne fout jamais ses 4 m de jambes). mais du coup je vois des trucs que je voyais pas jusque-là: par exemple, personne ne mange. c'te révélation. les gens ils grignotent une tomate cerise, ils courrent se peser en transpirant la trouille. les gens ils bouffent des tranches de jambon par douze because, tu sais, ce coup des prot'. ils me font tous flipper. on dirait une thérapie de groupe, les dej', désormais ("applaudissons cindy, qui tient depuis trois jours sans sucre"). toute cette radicalité putain, ça me donne envie de dégainer un mi-cuit au chocolat. par pur esprit de contradiction. moi qui pourrait tuer pour un plateau de fromage de chez michel. moi qui pense le matin à ce que je vais manger le soir et que ça fout en joie, et pas en détresse respiratoire.
cette période où l'on ne se permet plus rien commence à me faire un petit brin flipper.