et si les mannequins nous faisaient une petite rentrée cégétiste, une petite rentrée sociale bien chaude et rageuse de derrière les portants avec braseros, banderoles et lançage de low boots dans la tête des CRS ? parce que bon, la concurrence, il y a un moment où c'est marre, nan? après le coup des actrices chopeuses de meilleurs contrats pubs, après cette OPA du vraigens fédérateur, il allait donc leur falloir encaisser le putsch du presque pipole.
le coup du scott schuman.
voilà un type délicieusement old school, avec l'oeil qui pétille, la dent carrée, la main solide mais parfaitement manucurée, le genre de gars que tu verrais bien barrer un ketch au ponton acajou le dimanche dans les hamptons ("hi, scott!", "hi, mitch! wind is good!"). un type qui pourrait, malgré tout ce glam tranquille, se tenir à la lisière des vraigens si les vraigens hommes, par exemple, traversaient le monde avec un oeil qui saurait attraper la grâce quand elle passe, filant sur ses stilettos ou croisant ses mocassins italiens (sans chaussettes) sous un costume anglais (sur mesure). si les vraigens généralement avaient le genre d'oeil qui disaient au reste du monde la beauté assourdissante des inconnus qui passent, donnaient envie de connaître leur nom, là, juste sur leur mise, et puis où ils filaient, ces passants fulgurants, avant d'être épinglés contre le ciel de new york, dehli ou paris.
à la rentrée, scotty "abitbol" schuman, dit aussi l'homme le plus classe du monde sera l'image d'une marque qui me laisse généralement frigide: j'ai nommé, gap. tu le lis, mon limpide & habile message marketing? "on est tellement la quintessence du cool et de l'élégance que le mec qui écrit tous les jours sur son blog l'encyclopédie du cool et de l'élégance mondiaux, ben tu vois martine il est ce qui nous représente le mieux". eh ouais. parce qu'aujourd'hui l'audace est davantage sur le ouaibe que sur papier glacé. qu'une marque aussi plan-plan que gap s'en soit rendue compte montre assez la taille du gouffre qui sépare la blogo des ricains de la nôtre. mais peut-être pas pour très longtemps non plus ? tout file vite. glisser d'un blog mode à l'autre depuis un an a fini par changer ma façon de lire la fringue. mes petits magazines chéris, peu à peu, cessent d'être mes prescripteurs. mais ce que me racontent garance (doré), géraldine (café mode) ou géraldine (punky b) finit par faire son petit chemin dans ma tête. et me faire claquer de la maille. or au final n'est-ce pas ce dont rêvent tous les plans com' du monde?
il est cependant possible que lorsque la blogo d'ici aura perdu son charmant petit côté "home made", sa fraîcheur, sa jeunesse, sa fébrilité, lorsque le ramage et le plumage de nos blogueuses chéries auront été avalés, digérés, recrachés par des gars qui pensent en plans, je m'en irai respirer ailleurs. un peu saoûlée par cette époque comme un boa qui n'aime rien tant que trouver de nouveaux objets sur lesquels coller ses marques. et à laquelle nous sommes si nombreux à dire "achète-moi, achète-moi", comme une supplique amoureuse, comme si désormais tout était, tout le temps et partout, à vendre.
même un oeil plus solaire que la moyenne. même soi-même. surtout soi-même.
alors je suis pas sûre-sûre que le plan com' de gap soit une idée si démente, finalement. ça ne change pas mon regard sur la marque qui aime faire fabriquer ses flare par des nenfants chinois. ça me la rend juste encore un peu plus froide, cynique, marchande. le coup de scott, au fond, c'est un peu le coup de vieux.
pour mon/notre chouchou de sartorialist et donc, par ricochet, pour gap.
mais il est possible que mon cerveau ne fonctionne pas tout à fait comme celui d'un publicitaire ricain.
il est possible.
photo: scott schuman shooté pour gap.
http://profile.myspace.com/index.cfm?fuseaction=user.viewprofile&friendid=48308618 (du charmant tout doux pour finir la semaine)