il y a des tas de parisiens qui ne sont jamais allés visiter la tour eiffel. ils doivent se dire qu'ils ont le temps, qu'il y aura sûrement un jour une bonne occasion de se frapper l'ascension, que rien de presse, que la vieille ferraille sera toujours là. on est comme ça, nous autres les gens: on finit toujours par retourner glander dans le même troquet connu par coeur, réécouter les mêmes albums, remettre le même jean, refaire les mêmes blagues avec les mêmes amis. on est des aventuriers de la life, mais il faut le dire vite. ça fait comme ça deux siècles que je me dis qu'"il faut vraiment que j'aille chez space". parce que c'est une vitrine qui me file toujours des espèces de petites décharges au passage, des bzzz, du pschiii, des signaux que je chope juste au feu rouge, trois secondes et puis ciao.
jusqu'à today.
j'avais raconté ici à quel point le vintage me plaisait dans l'idée et carrément moins dans la pratique: fripes mal foutues, odeur de poney mort, portants plus serrés que chez les suédois un jour de réassort, vieux tromblons importables, coude à coude éreintant avec les fashionnettes, etc. eh ben space, c'est tout le contraire. déjà c'est désert, la preuve que je suis pas la seule gourde marseillaise. ensuite, ça sent PAS les contes de la crypte mal aérée. les habits, tu les touches, tu vois bien qu'ils sortent du pressing. y a pas la moindre trace de transpiration de routier aux emmanchures des vestes à la mesrine. personne n'a eu de cors aux pieds dans les escarpins. si là tu trébuches dans ton excitation, tu peux te rattraper à des robes courrèges impecc' (et même pas au prix du brent) ou à des sacs en croco à crever (et pourtant j'approuve pas la transformation des bêtes en pochettes, hein, mais je suis obligée d'admettre que les alligators, si l'on veut bien réfléchir, c'est plus sympa à tenir sous le bras qu'à se trouver coincé devant dans un marigot). des bottes, mais divines !... des robes 80's comme si on était en train de se préparer pour une virée au palace avec anouschka et paquita paquin.
seule au sous-sol, j'en faisais des petits criiiiis de putois parti en folie dans sa tête (vous voyez?). de l'hyperventilation (vous voyez???). de la bouffée de chaleur (ouiii??). alors à un moment, l'un des gentils frères qui tient space est venu voir ce que je foutais -que je lui fasse pas le coup de perdre les eaux de joie, genre- et j'ai dû lui expliquer que si je ne laissais pas ma prime de naissance de la caf dans sa taule, c'était juste parce que je ne pouvais pas essayer ces fringues merveilleuses dans ma taille habituelle. le secret de space? c'est que 90% de ce qui est en vente dans cette boutique est d'époque, but neuf. le boss court la planète pour choper des stocks, des fois juste une pièce, et on aimerait bien faire le voyage avec lui. même que tu peux lui commander des trucs, un peu comme si le père noël existait pour les grandes filles, finalement. après, y a des lutins quelque part qui s'agitent pour te trouver le bidule de tes rêves (="une besace en cuir caramel craquelé de la taille d'une feuille A4 avec un beau fermoir, siouplé père noël de l'espace").
si vous avez lu ce post jusqu'ici, vous comprenez ce que je veux dire (pisk, toi non, mais imagine: ce serait comme tomber sur les premières éditions impec de ton reporter à houpette).
je suis repartie avec UNE veste (mon héroïsme, un jour, il faudra le mettre en hymne). c'est du modèle des 70's, c'est du velours noir et rock et doux à mourir, le genre de pelisse capiteuse que tu aurais bien vue sur le dos de verushka ou nico. une veste pour ne jamais s'en prendre (ah ah, mon humour, il faudra un jour lui édifier des monuments). c'est de la carrure absolument divine, étroite, au millimètre taillée pour moi. de la doublure neuve et soyeuse. des petits boutons précieux aux manches. dans le métro, je tripotais mon trésor avec une tête comme si je sais pas, je venais de prendre de la drogue et d'aimer ça.
ouais, je sais c'que vous allez dire. mais nan, mes hormones expliquent pas tout.
http://www.myspace.com/castanets (en fait j'ai chopé la veste pour claquer des doigts sur "good friend yr hunger")