• j'étais devant les images de cartier-bresson ce week-end -puisque je n'ai pas vu sean connery en écosse, j'ai fini par rentrer- et je me disais : "ma bonne ava, tu vois, la vie, souvent, c'est exactement le contraire d'une photo à riton." ça n'est pas cadré au millimètre, il y a des trucs qui dépassent, des gens qui plissent les yeux, des ombres moches, des rictus, ce n'est pas cette perfection de construction qui te saute aux mirettes, ce découpage inouï, ces images où tu cherches le truc, comme on fait pour les magiciens sauf que bien sûr les vrais majax, ça m'a toujours gavée, mais bon. 

    c'est peut-être pour ça que tout le monde aime cartier-bresson, ce type qui photographiait comme on décoche une flèche, fzzz, dans le mille, toujours, parfaitement au centre: il est notre idéal de compréhension, d'ordre serein, une claire évidence dans nos vies patachonnes, brouillonnes, celui qui expose notre beauté, nos instants déjà perdus comme l'on n'y parvient presque jamais nous mêmes.

    par exemple, ce week-end -attention, toudesuite ! ma vie toute personnelle très très passionnante !- je marchais dans paris à côté d'un petit camarade cher à mon coeur, il y avait la langueur de la ville, des rues désertes, ma soeur qui était belle, des épaules nues, ma fille dans sa poussette à draguer les serveurs des beaux quartiers malgré sa coupe très 1933 (à quel moment faut-il dire à ses enfants que les épis existent à la racine des cheveux mais AUSSI au milieu d'une mèche?). et je boudais ma joie, des fois je fais ça, ma moufe, ma ronchonnette. j'achetais des lapins lumineux chez petit pan pour passer ma grognerie de vieux loup des bois. un moment très typiquement moi, ma foi. il se peut que jean-pierre bacri ait pris possession de mon être, comme d'autres gens avaient, autrefois, pénétré la personne de john malkovich. 

    il a fallu que je rentre, au calme dans mon tgv, pour comprendre, en buse extrêmement lente, que j'étais tout simplement heureuse.

    je sais pas comment riton se serait démerdé avec ça, pauvre vieux.

    je suis un peu comme une amélie pouliche, il me faudrait un souffleur pour bien apprendre à regarder. je ne trouve mon cadrage qu'après coup.

    http://www.myspace.com/bowerbirds

    (sinon ça vaaaa, quoi, c'est du bel été au pays des filles blogosphériquement absentes. il faudra juste que quelqu'un me dise comment on fait pour s'exciter sur la mode de la rentrée: quand je vois les portants, j'ai envie d'aller me pendre au fond d'une cabine zara -ils ont des tabourets).

    ps: à simiane-la-rotonde, riton et son pote marchaient en discutant le bout de gras et l'ami a vu riton faire un petit mouvement de main, hop, pfuit, en un clin, sans s'arrêter ni de marcher ni de parler. et c'était la photo là-haut. après ça, je crois que nous pouvons tout simplement aller nous recoucher).


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